La crise sanitaire met en exergue le besoin de services publics et le danger des politiques d’austérité qui les frappent. Cela inclut l’Education Nationale et on peut aussi le constater à l’échelle locale.

Les annonces du Ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, concernant le protocole sanitaire dans les écoles, les collèges et les lycées, ont encore été incroyablement tardives et limitées. Faites le 26 août dernier, soit 2 jours ouvrés avant la rentrée des personnels, elles n’ont pas laissé le temps nécessaire aux enseignants pour prévoir les adaptations pédagogiques induites par le port du masque. Au-delà du port du masque obligatoire (pour tous les personnels et pour les élèves à partir du collège), tout le reste (organisation du lavage des mains, achat de gel hydroalcoolique, limitation du brassage des élèves…) est de fait renvoyé à l’adaptation locale, y compris les distributions de masques aux personnels. En outre, le refus du gouvernement d’entendre la revendication d’une distribution gratuite et massive de masques aux familles reste incompréhensible.
L’organisation de la rentrée réelle des élèves – en « présentiel » comme on dit maintenant – absolument nécessaire, méritait davantage d’anticipation.

Après des mois de confinement, le besoin de rattraper, au sein des classes, des manques inévitables en terme d’apprentissage, comme de cohésion et d’habitude de travail, est incontestable. Dans ce contexte, les effets délétères de la politique éducative gouvernementale sont d’autant plus problématiques.
Dans le Vaucluse, pour le premier degré, 26 postes supplémentaires ont été créés pour la rentrée, le gouvernement ayant accepté de ne pas fermer de classes dans les écoles rurales et de continuer le dédoublement des classes de CP et CE en Education Prioritaire. Le SNUipp-FSU84 a bataillé dans les instances départementales pour éviter au maximum la surcharge des classes dans les autres niveaux et dans les autres écoles. Mais les moyens alloués au Vaucluse étaient insuffisants pour maintenir des classes ou en créer de nouvelles, partout où cela aurait été nécessaire. Il faudrait en fait 90 postes en plus environ, y compris pour diminuer les effectifs par classe, recruter des enseignants remplaçants ou en RASED, etc.
Au niveau national, la politique reste à la diminution du nombre de postes dans le second degré. Ainsi, dans les collèges du Vaucluse, les suppressions de postes se poursuivent (alors que le nombre d’élèves est stable). Encore 9 en moins pour la rentrée 2020. Mécaniquement, les effectifs d’élèves par classe continuent en moyenne d’augmenter. Les classes en Education prioritaire sont systématiquement alignées à la limite des seuils maximaux de 24/25 élèves. Hors Education prioritaire, les classes proche des 30 élèves se multiplient. En Lycée, la « réforme » continue de s’appliquer, avec son cortège d’effets néfastes : examens permanents pour les élèves et surcharge de travail pour les enseignants, complexification des emplois du temps et éclatement des classes, selon les choix de spécialités et d’options des élèves (rendant, au passage, impossible d’éviter le brassage des élèves, du point de vue sanitaire), fin du cadre national du Bac…

Un certain nombre de mesures de fond, qui étaient déjà indispensables, apparaissent d’autant plus urgentes, face aux conséquences de la crise sanitaire : réduire de façon généralisée les effectifs par classe, multiplier les temps d’apprentissage en petits groupes et, pour cela, relancer une politique de création de postes ambitieuse, revalorisant le métier enseignant. La légitimité de ces revendications n’en devient que plus évidente.

Voir ICI les articles de la presse locale sur la conférence de presse de la FSU84